« Le Jeune prince et la vérité »
Le Jeune prince et la vérité met en jeu un conteur et un prince amoureux qui désire épouser la fille d’un paysan.
Celui-ci refuse, estimant que le jeune homme ne connaît pas la vérité. Le prince devra, pour se marier à sa belle, parcourir le monde à la recherche de ladite vérité…
Le théâtre est un mensonge où l’on vient chercher une part de vérité.
Face à l’obscurantisme galopant, au choc perpétuel des images et de l’information continue, promouvoir l’instruction et la réflexion. L’éducation et la culture émancipent la personne et favorisent l’altruisme. C’est dès l’enfance qu’il faut transmettre l’esprit critique, apprendre le refus de l’intolérance et cultiver la liberté de penser. Jamais, sans doute, le parler vrai n’a été plus tendance. Depuis la scène politique où l’on se félicite de dire les choses « tout à fait honnêtement » et avec une « sincérité totale », jusqu’aux confessions intimes livrées à grand renfort d’autobiographies et de plateaux télé.
Il est impossible de parler complètement vrai. Cela tient d’abord à la nature même du langage. Dès lors que nous utilisons la parole, nous sommes condamnés à ne pas tout dire, car les mots ne reflètent jamais toute la vérité ; il y a toujours une partie de celle-ci qui reste cachée, inaccessible à la parole. Dire la vérité, toute la vérité, signifierait être dans un rapport direct avec la réalité. « Nous sommes toujours dans l’interprétation » assure le psychanalyste Juan-David Nasio… Donc dans le mensonge ? « Cela signifie plutôt qu’il n’y a de vérité que subjective et affective. »
Saint Thomas disait ne croire que ce qu’il voyait, mais la vérité n’est pas toujours ce que l’on croit, ni ce que l’on voit. Bien que la représentation soit parfois une supercherie, l’acte théâtral est par essence une transposition, une mise en représentation ; «on joue à» – «on fait comme si» – est l’accord tacite, la convention qui lie le spectateur à l’acteur et permet la dimension onirique. Si le théâtre est le lieu du mensonge et du jeu des apparences, il permet de dénoncer les faux semblants et cherche à lever le voile de l’indicible.
Une mise en abîme du conte et de l’acte théâtral.
Nous projetons les différents tableaux que nous fait parcourir ce récit en déconstruisant le mythe du merveilleux et du magique dans lequel la fable de la vérité ne saurait se cantonner. Nous élaborerons un théâtre « à vue », la machine théâtrale, la fabrique à image, manipulée in situ par les actants, eux-mêmes endossant tour à tour les différents personnages évoqués au long du périple en s’appuyant sur un élément de costume et/ou en détournant les accessoires… Tout se construit et se déconstruit à la vue du public.
La scénographie permet l’évocation multiple : notion de « camp » : de repos, de travail, d’exilés, de voyage, de base, de passage…et le dévoilement du féerique, du fantastique, des trucages de Méliès et des artifices de foire. Espace gigogne et envers du décor. Jeux de miroirs, d’ombres et truchements de l’image. Masque, postiches, perruques, artifices. Parole chorale, opérette festive, cirque ambulant et démonstrations. Décalages et juxtapositions. Le questionnement de la vérité prend tout son sens dans la représentation. Et le ludique, le plaisir du jeu de l’acteur et de son rapport au public sont au cœur de la mise en œuvre du projet.
Et si on rallumait les Lumières…